Journée de sensibilisation sur la Dystonie à ST Laurent du Maroni
C’est à 4 heures du matin que nous avions rendez-vous, ce samedi 2 avril, chez Mme Henriette Agalla, présidente de l’Association Fibromyalgie Guyane qui avait souhaité nous accompagner à St Laurent du Maroni pour une journée d’informations sur les maladies respectives que nous représentons.
Tout était soi-disant prévu pour notre arrivée, accord de Mme le maire, service technique prévenu, chapiteau plus une table et une chaise pour Mme Agallla. C’est donc confiant que nous prîmes la route.
La surprise nous attendait à Saint-Laurent, service technique fermé le samedi, mairie pas encore ouverte à 7 h 30 et aucune mise en place pour des associations. Après avoir fait 3 fois le tour du marché et passé, en vain, des appels téléphoniques, je décidai de nous installer sous le porche de ce qui semblait avoir été un marché couvert mais qui était devenu, une chambre de passage avec un coin de mictions. Qu’importent les cartons à même le sol et les mauvaises odeurs, nous étions à l’abri de la pluie.
De nombreuses ethnies cohabitent dans cette commune localisée à 253 kilomètres à l’ouest de Cayenne, c’est pourquoi je fis appel à mon amie Sandra amérindienne arawak, résidant à St Laurent, pour nous assister en tant que traductrice. En effet, on y entend parler les créoles guyanais et haïtien, l’amérindien (Kali’na et arawak ou lokono), le hmong, l’indien, le bushinengué (Saramaca, Djuka, Aluku et Paramaca), le brésilien, le néerlandais, l’anglais, le sranan tongo, et le français qui, curieusement, est la langue la moins parlée dans ce département français si éloigné de l’hexagone.
La première heure fut interminable. J’accostai les passants avec des flyers, insistant sur les maladies invalidantes que sont la dystonie et la fibromyalgie. Force est de constater que je n’intéressais personne. Les gens étaient venus pour le marché. Aussi, avec Sandra, je décidai de faire quelques courses tandis qu’Henriette gardait le stand.
Vers 10 h 30, un couple s’arrêta enfin pour me demander si c’était payant. Après ma réponse négative, il me posa des questions pertinentes car un membre de la famille était concerné par des douleurs musculaires non expliquées. Ce fut comme le déclenchement de départ d’une course. À partir de cet instant, nous fûmes assaillis de tous les côtés. Je les informais tant bien que mal car tous parlaient en même temps dans leur langue natale.
Sandra, spécialiste du sranan tongo et du lokono ne pouvait traduire ni le bushinengué ni le créole haïtien. Pour ce dernier, mon mari, ayant des élèves Haïtiens au lycée, comprenait quelques phrases. Il s’en sortit pas trop mal ma foi, mieux que moi en tout cas…
J’aurais aimé filmer ce brouhaha de langues étrangères qui me décrocha un fou rire. Mais, à chaque fois que je demandais à un de mes interlocuteurs l’autorisation de les photographier en leur montrant mon appareil photo, très peu acceptèrent. Et pour cause, dans cette commune de Guyane où il suffit de traverser le fleuve Maroni en pirogue, beaucoup de personnes viennent du Suriname ou du Guyana pour vivre illégalement sur le sol français.
Le marché prenait fin, d’un commun accord, nous pliâmes bagage pour aller boire un café chez Sandra avant de passer au CHOG, le Centre Hospitalier de l’Ouest Guyanais, pour y déposer affiches et flyers.
Sur le chemin du retour, avec Henriette nous avons beaucoup ri en nous remémorant cette épopée épique que nous venions de vivre. Nous nous sommes crues à la foire d’empoigne. Nous avons vécu des moments inoubliables qui resteront de bons souvenirs.
Brigitte A-Sim
Déléguée AMADYS des outre-mer