Par Arnaud Blanchard, Vuthy Ea, Agathe Roubertie, Mélanie Martin, Coline Coquart et Gwenaëlle Collod-Béroud
En 2009, l’équipe américaine de Laurie Ozelius a identifié le gène qui ne fonctionnait pas normalement chez les patients atteints de dystonie de type DYT6, le gène THAP1. Cette découverte a été possible grâce à l’étude de grandes familles américaines d’origine Mennonite qui avaient, il y a presque 15 ans maintenant, permis de définir cette nouvelle forme de la maladie. Cette forme de dystonies DYT6, qui ressemble parfois à une forme de dystonie DYT1 (due à une anomalie du gène TOR1A), débute dans la moitié des cas par une atteinte localisée aux muscles du cou et du visage, chez l’adulte jeune, et tend à se propager au reste du corps.
Après cette découverte, différents laboratoires dans le monde ont recherché des mutations de ce gène chez de nombreux patients et une anomalie a pu être identifiée pour 78 familles (soit un total de 124 patients).
L’origine géographique des patients porteurs est très variée : Allemagne, Brésil, Canada, Chine, Espagne, Etats- Unis, France, Grèce, Iran, Pays-bas, République Tchèque, Royaume-Uni, Serbie, Taiwan…
Les anomalies retrouvées sont, dans leur grande majorité, propres à chaque famille. Un inventaire de toutes les anomalies identifiées dans le gène THAP1 ainsi que des signes de la maladie développés par chacun de ces patients a été mis en place en 2011.
L’accumulation de ces données au cours des prochaines années devrait permettre d’obtenir un nombre suffisant d’informations pour entreprendre des études statistiques. L’objectif est de mieux comprendre cette maladie par la recherche de relations entre le type d’anomalies portées par les patients d’une part et les symptômes cliniques (c’est à dire la façon dont la maladie se manifeste chez un patient donné) d’autre part.
Le gène THAP1, qui ne fonctionne pas bien chez les patients DYT6, détient l’information génétique pour un « facteur de transcription », une sorte de «contremaître » en charge de contrôler certaines fonctions dans nos cellules. Lorsque le gène THAP1 porte une anomalie, la cellule perd un de ses contremaîtres et donc les informations que celui-ci est censé recevoir et transmettre. La cellule n’arrive plus alors à s’adapter aux changements qu’elle rencontre par manque d’information et absence d’une partie de son «personnel».
Plusieurs équipes essayent d’identifier et de comprendre le rôle de ce contremaître. Elles ont pu identifier récemment des « communications » entre THAP1 et TOR1A, le gène dont le mauvais fonctionnement est responsable de la forme DYT1 de dystonie.
Bien que la découverte du gène THAP1 soit une avancée majeure dans la connaissance de ces maladies, le nombre de patients porteurs d’une anomalie de ce gène par rapport au nombre total de patients candidats qui ont été testés reste peu élevé. Les anomalies du gène THAP1 ne peuvent donc expliquer l’apparition de mouvements dystoniques que dans un petit nombre de cas.
D’autres gènes doivent encore être découverts pour pouvoir expliquer l’apparition de la maladie chez de nombreux patients. Heureusement, de nouveaux outils technologiques permettant de rechercher des anomalies directement dans de nombreux gènes à la fois (technique d’Exome et de séquençage à haut débit) devraient permettre des progrès importants dans les prochaines années.