Découverte d’un nouveau gène associé à un trouble du mouvement rare de l’enfance
L’identification du gène VPS13D comme responsable la dystonie primaire permettra de mieux cibler les thérapies et d’améliorer le devenir des enfants atteints de cette maladie.
MONTRÉAL, le 4 juin 2018 – La dystonie primaire, un désordre neurologique à l’origine de contractions involontaires et douloureuses diagnostiqué chez l’enfant, touche environ 300 000 personnes en Amérique du Nord et les options thérapeutiques qui s’offrent à eux sont malheureusement limitées. L’origine de ces contractures demeure mal comprise, mais une équipe de chercheurs internationale a fait la découverte d’un nouveau gène responsable de cette maladie complexe. Il semblerait qu’une mutation récessive dans le gène VPS13D en soit la cause. Ces résultats ont été publiés dans le journal Annals of Neurology, en mars 2018. Bien que des mutations causales aient été associées à divers troubles du mouvement, de nombreux patients restaient sans diagnostic génétique précis. Cette découverte ouvre la porte à de nouvelles pistes de traitements et à une meilleure compréhension des mécanismes de la maladie.
Pour parvenir à ces résultats, l’équipe de recherche a d’abord comparé les données génétiques de deux membres d’une même famille québécoise atteints de dystonie primaire et suivis au Centre universitaire de santé McGill – Hôpital neurologique de Montréal par le Dr Guy Rouleau et au CHU Sainte-Justine par la Dre Inge Meijer. De là, ils ont identifié le gène VPS13D comme candidat responsable. « Notre hypothèse initiale voulait que les deux patients partagent un défaut génétique dans une zone importante pour le développement du contrôle des mouvements. Nous voulions démontrer qu’une mutation récessive dans le gène VPS13D, auquel aucune maladie humaine n’avait été associée jusqu’à maintenant, était en cause », explique Julie Gauthier, PhD, première auteure de l’étude. « Le gène VPS13D intervient dans le fonctionnement mitochondrial. En sachant que les mitochondries sont responsables de fournir de l’énergie à l’organisme, on comprend qu’une atteinte dans leur fonction affectera particulièrement les systèmes à forte consommation énergétique comme les neurones et les muscles », ajoute le Dr Philippe Campeau, auteur principal de l’étude. La dystonie primaire est un désordre neurologique caractérisé par des contractions involontaires qui figent une partie, ou l’ensemble du corps, dans une position dystonique.
À l’aide d’un réseau mondial de cliniciens et chercheurs qui partagent un intérêt pour le ou les mêmes gènes et conditions, l’équipe de recherche a pu identifier quatre autres familles dont les enfants étaient atteints de dystonie musculaire et de mutations dans le gène VPS13D. « Ces observations similaires dans cinq familles non apparentées sont venues appuyer notre hypothèse de départ », précise Julie Gauthier. « Nous avons également observé d’autres troubles du mouvement chez ces mêmes patients, ainsi qu’une lente détérioration neurologique avant l’âge de 12 ans, suggérant que le gène VPS13D était en cause ». Ces preuves cliniques et génétiques permettent de considérer les mutations sur le gène VPS13D comme cause d’un trouble neurologique progressif de l’enfance caractérisé par un retard du développement moteur et des troubles du mouvement.
Dorénavant, les cliniciens et professionnels de la santé pourront considérer ce gène pour le diagnostic non seulement de la dystonie primaire, mais pour d’autres troubles du mouvement se manifestant généralement pendant la petite enfance, comme le syndrome de Leigh, la paraparésie spastique, et l’ataxie spastique. « La confirmation du diagnostic par un test génétique est très importante pour offrir les meilleurs soins aux patients. Nous pourrions modifier ou choisir un traitement en fonction du diagnostic génétique et mieux guider la famille sur le pronostic de la condition », souligne la Dre Inge Meijer. « En sachant que l’atteinte chez l’enfant est de cause génétique, cela permettra aux parents d’être conscients des risques de transmettre cette maladie, dans l’éventualité où ils voudraient agrandir la famille. »
« On veut maintenant mieux comprendre le rôle de ce gène et de la protéine défectueuse dans les troubles du mouvement, et tester les médicaments déjà sur le marché ciblant le dysfonctionnement mitochondrial », conclut la Dre Inge Meijer.
DE GAUCHE À DROITE : DR PHILIPPE CAMPEAU, DRE INGE MEIJER, JULIE GAUTHIER, PHD, MME NICOLE RICHARD, M JACQUES RICHARD, JEAN-FRANÇOIS RICHARD ET LOUIS-PHILIPPE RICHARD.
À propos de l’étude
L’article intitulé « Recessive mutations in VPS13D cause childhood onset movement disorders » a été publié dans le journal Annals of Neurology en mars 2018. La première auteure est Julie Gauthier, M.Sc., Ph.D., spécialiste clinique en biologie médicale dans le laboratoire de diagnostic moléculaire au CHU Sainte-Justine. L’auteur principal est Philippe Campeau, M.D., médecin généticien, chercheur et chef adjoint de l’axe de recherche Maladies musculosquelettiques et réadaptation au CHU Sainte-Justine et professeur adjoint de clinique au Département de pédiatrie de l’Université de Montréal.
Auteurs : Julie Gauthier, MSc, PhD, Inge A. Meijer, MD, PhD, Davor Lessel, MD, Niccolò E. Mencacci, MD, PhD, Dimitri Krainc, MD, PhD, Maja Hempel, MD, Konstantinos Tsiakas, MD, Holger Prokisch, PhD, Elsa Rossignol, MD, MSc, Margaret H. Helm, MSc, CGC, Lance H. Rodan, MD, Jason Karamchandani, MD, Miryam Carecchio, MD, PhD, Steven J. Lubbe, MSc, PhD, Aida Telegrafi, MS, CGC, Lindsay B. Henderson, PhD, FACMG, Kerry Lorenzo, MSc, CGC, Stephanie E Wallace, MD, Ian A Glass, MD, MB ChB, Fadi F. Hamdan, MSc, PhD, Jacques L. Michaud, MD, Guy A. Rouleau, MD, PhD, Philippe M. Campeau, MD